Réaliser que ce n’est pas pour moi
J’ai toujours aimé travailler en relation d’aide, principalement auprès des enfants. C’est ce qui m’a conduit vers une formation en adaptation scolaire. Soucieuse de toujours en savoir plus pour avoir le meilleur impact auprès de mes élèves, j’ai poursuivi à la maitrise en orthopédagogie.
Après plus de 6 ans d’études dans un domaine aussi spécifique, je n’avais jamais envisagé faire autre chose. Par contre, entre la théorie et la pratique, la réalité est toute autre et je ne me sentais jamais à la hauteur pour exercer ce métier. J’avais beau me référer à mes collègues, faire encore plus de lectures et de formations, faire des heures impossibles de planification, je n’étais pas satisfaite de mon rendement. J’étais incapable de diminuer les attentes que j’avais envers moi, j’aurais eu l’impression d’abandonner mes élèves. J’étais prise dans le tourbillon de la performance, au détriment de ma santé mentale.
Des options limitées
Je ne me cacherai pas que les avantages de la profession sont grands. Je sentais que mes options étaient vraiment limitées. Pas facile de se réorienter, surtout si on espère avoir des conditions similaires : sécurité d’emploi, salaire, fond de pension, horaires et vacances. Ce ne sont pas des privilèges que l’on retrouve dans d’autres emplois.
Je devais donc faire un choix, celui d’accepter de diminuer mes attentes et de perdre certains privilèges, pour me permettre de retrouver un meilleur équilibre. Par contre, pour moi, le bienêtre au travail était plus important que tout le reste.
Une décision difficile, mais essentielle
Après avoir longuement réfléchi, j’ai finalement décidé de faire le saut. Donner ma démission pour me lancer vers l’inconnu, avec crainte mais beaucoup d’espoir. De toute façon, je n’étais pas heureuse dans ma classe. Je n’avais pas le sentiment d’être suffisamment efficace pour amener mes élèves vers la réussite. J’avais un réel sentiment d’impuissance qui me rendait triste et qui m’amenait à me remettre continuellement en question. Je n’avais pas envie de me retrouver constamment dans cet état d’esprit. Je devais donc me mettre en action pour changer la situation en trouvant des solutions.
L’orthopédagogie au privé et les charges de cours à l’université
Consciente que j’étais engagée dans un rythme de vie exigeant, avec des paiements et 4 enfants à nourrir, je devais faire des choix stratégiques. Je me suis lancée dans les charges de cours à l’université et dans l’orthopédagogie au privé. Malheureusement, rapidement, j’ai réalisé que ce n’était pas pour moi.
L’orthopédagogie au privé exigeait que je sois régulièrement disponible les soirs et les fins de semaine. Avec 4 enfants en bas âges à la maison, ce n’était pas le mode de vie dont j’avais envie.
Enseigner à l’université, ce fut aussi une expérience extrêmement enrichissante. Cependant, j’avais parfois l’impression de ne pas être honnête envers mes étudiant.e.s en présentant des théories idéalistes, pour lesquelles on manque trop souvent de temps et de ressources pour les mettre en application. L’écart entre ce que la recherche suggère, ce que l’on voudrait mettre en application et ce que l’on peut réellement faire, c’est parfois cruel toute cette pression que l’on se met et ce sentiment d’impuissance que l’on s’inflige.
Sortir de sa zone de confort
Puis, un jour, j’ai décidé que j’arrêtais de simplement exister pour vivre vraiment. Au plus profond de moi, j’avais un rêve enfoui que je reportais sans cesse, considérant que ce n’était jamais le bon moment : Partir 6 mois en Asie du Sud-Est avec mes 4 enfants. Je ne connaissais pas du tout le continent, mais il me faisait tellement rêver.
J’avais envie de me déconnecter de la société de performance et de consommation pour enseigner autre chose à mes enfants, mais aussi pour réapprendre à vivre et à profiter du moment présent.
J’ai hésité, j’avais peur et mon entourage ne m’appuyait pas dans ce projet. Pour la première fois, je me suis choisie, je me suis écoutée et j’ai osé. Encore aujourd’hui, je me remercie tous les jours pour ce cadeau que je me suis fait. Définitivement, la plus belle expérience de ma vie!
Un nouveau départ
À mon retour, je me sentais beaucoup plus confiante et connectée à l’essentiel. J’avais envie d’une vie pleine de liberté et de simplicité. J’avais envie d’être orientée sur le plaisir plutôt que la performance et sur la collaboration et non la compétition. Après de longues séances d’idéation, le projet d’Eureka Concept a grandi en moi. Une entreprise qui valoriserait le développement de l’intelligence collective, la créativité et la résolution de problèmes à travers le jeu.
Sur la route du bonheur
Eureka Concept est l’aboutissement d’un parcours atypique qui me permet maintenant de m’épanouir pleinement. Je sens que je peux faire une vraie différence, mais, à un autre niveau. Je poursuis ma mission auprès des enfants, puisque j’offre des services aux écoles avec ma division scolaire, mais aussi à des entreprises avec la division corporative. Je suis tellement reconnaissante d’avoir osé, malgré toutes les craintes qui m’habitaient.
Je vous souhaite sincèrement de trouver le bonheur et de vous sentir épanoui.e dans ce que vous faites. Après tout, la santé mentale est aussi importante que la santé physique. Apprenez à vous écouter et à prendre soin de vous.
Jessica Allocca
M.Éd. orthopédagogie
Fondatrice d’Eureka Concept